Depuis les années 1960, l'artiste montréalais Bill Vazan réalise des interventions à grande échelle dans le paysage. Peintre à l’origine, Vazan a commencé à travailler en 1963, selon ses propres mots, « à la surface de la terre », avec son œuvre Alignements rocheux et pilotis à Saint-Jean-de-Matha, Québec. Ses premières œuvres les plus connues ont été réalisées à l’Île-du-Prince-Édouard. Sable à marée basse, formes n°5 et n°3, 1967-69, montré ici, a été réalisé rapidement, documenté, puis emporté par les eaux. Une grande partie du travail de Vazan aborde la fragilité et l'éphémère de la présence humaine dans le paysage et imite parfois dans ses formes les traces souvent indéchiffrables laissées sur le territoire par les cultures anciennes. Outlikan Meskina (Carte pour la chasse au caribou), 1979-80, un vaste agencement de pierres dans le parc urbain de Chicoutimi, recrée la forme d'un os de plaque d'épaule de caribou. Panneau lisible uniquement vu de grande hauteur, il rappelle les lignes de Nazca au Pérou ou le cheval blanc d'Uffington de l'Angleterre ancienne, des dessins terrestres géants qui s'adressent à un public mystérieux, peut-être divin ou futuriste.

Ligne transcanadienne, 1969-70, explore plus en détail cette tension entre une expérience immédiate et finalement éphémère et variable du monde visible, et notre croyance de longue date dans la fixité des signes. Pour créer l'œuvre, l'artiste a symboliquement « dessiné » une ligne segmentée entre les côtes du Canada, chaque point de la ligne temporaire étant marqué avec du ruban noir sur le sol de l'une des huit galeries d'art publiques, dont la Galerie d'art du Centre de la Confédération, chaque emplacement étant à la fois pour un point géographique et un dépositaire de la culture. Le résultat est une œuvre qui superpose différentes temporalités sur le paysage. Celles-ci vont de l’acte de marquage à la capture d’un instant dans une photographie durable mais finalement mortelle, du traitement du territoire comme information sur une carte à « l’acquisition » d’un signe immatériel par une collection publique. Cette exposition présente une sélection d'œuvres de l'artiste acquises par la galerie depuis cette époque, démontrant la richesse et l'étendue de la pratique de cet artiste singulier.

-Pan Wendt, conservateur