Tenir la pose : portraits de la collection
Des
27 janvier 2016
Jusqu'à ce que
27 novembre 2016

L'exposition

Tenir la pose : portraits de la collection
Cette exposition présente une sélection de portraits de la collection de la Galerie d'art du Centre de la Confédération. Combinant le portrait historique avec les représentations contemporaines d'individus et de groupes, il donne un aperçu du genre au Canada, de ses nombreuses approches et de sa transformation au fil du temps, avec un accent particulier sur la manière dont les sujets du portrait ont joué un rôle dans l'œuvre qui en résulte. leur attitude, leur mode d'adresse, leur présentation de soi et la façon dont leur pose sont autant le sujet de l'œuvre que leur ressemblance physique. Les portraits sont finalement le résultat d'une rencontre entre l'artiste et le modèle. Le point de départ de l'exposition est l'œuvre de l'artiste de l'Île-du-Prince-Édouard Robert Harris (1849-1919), qui fut à la fin du XIXe siècle l'un des portraitistes les plus éminents du Canada. Les portraits de Harris dialoguent avec le phénomène de la photographie commerciale, qui se répand rapidement. Son travail met en valeur le travail du pinceau et l'habileté de l'artiste à capturer une ressemblance d'apparence naturelle, adhérant étroitement aux traditions de longue date de la représentation formelle et festive, en opposition à la disponibilité émergente et de plus en plus facile de l'image photographique. Ses images définissent des sujets comme des monuments durables. Des modèles composés et royaux émergent de fonds sombres comme des images d'importance volumétriques et physiquement imposantes, accentuées par des cadres dorés. L’esthétique du portrait est celle de l’élévation et de la solidité, la ressemblance comme préservation et célébration.
Le mariage du naturel et de la monumentalité dans l'œuvre de Harris était une réponse non seulement au pouvoir documentaire de la photographie, mais aussi aux images plus ouvertement artificielles de présentation de soi aristocratique illustrées dans cette exposition par le travail de Thomas Mower Martin. Au cours du siècle qui a suivi l'apogée du portrait officiel de Robert Harris, la contingence moderne – l'incertitude de la position de l'individu dans le monde – a envahi et transformé le genre du portrait. À une époque où n’importe qui pouvait et devait être un digne sujet d’image, l’enregistrement des vies individuelles s’est adapté en se concentrant sur la manière dont les individus définissaient et dépassaient les conditions de leur existence.
L'identité du modèle est au cœur de la fonction du portrait, car elle s'efforce d'établir le caractère unique de la personne et sa place dans la société et l'histoire. Au siècle dernier, la présentation festive de l’identité individuelle a fait l’objet d’une critique de grande envergure qui a redéfini le genre. Depuis les peintures quasi ethnographiques de George Pepper et Kathleen Daly représentant des personnes censées définir une nation multiethnique, jusqu'aux photos de Barbara Astman et KC Adams montrant des sujets se positionnant par rapport aux stéréotypes de genre et raciaux populaires, il est clair que le portrait est désormais fonctionne dans le cadre d’un jeu de représentations identitaires. Dans ce contexte, le naturel de la pose de la fin du XIXe siècle ne peut plus être tenu pour acquis. Même la célébration de personnages historiques peut être représentée comme une forme de théâtre hautement médiatisée, comme dans les estampes de Rémi Belliveau, avec leurs cadres dorés ironiques.
La pose elle-même et son statut d'enregistrement peuvent être représentés de manière tragique, comme une sorte d'habitude ou de piège du regard. Edward Poitras assimile physiquement la pendaison de Louis Riel à la production de son image de héros national. Dan O'Neill et Stephen May présentent la pose séduisante comme une image reçue, le sujet individuel filtré à travers une couche d'associations qui compliquent l'action du modèle. Dans l'œuvre du peintre de l'Île-du-Prince-Édouard Brian Burke, présentée ici en contrepoint à l'héritage de Robert Harris, la pose devient vulnérable, la présentation de soi et l'isolement visuel du sujet profondément ambivalents, voire opprimés par un espace aplati qui quitte néanmoins la position. du gardien ouvert. Les portraits de Burke représentent le potentiel et les limites de la liberté et de l'incertitude contemporaines.
-Pan Wendt, conservateur