Magalie Comeau : Architactrices et autres espaces de vie - Centre des arts de la Confédération
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Exposition passée

Magalie Comeau : Architactrices et autres espaces de vie

Des

21 avril 2012

Jusqu'à ce que

28 juillet 2012

L'exposition

Les peintures de Magalie Comeau mettent en scène une lutte entre différentes manières de percevoir l'espace et, en situant ces types d'expériences contrastées dans et autour d'intérieurs domestiques intimes, elles font ressortir leurs implications dans la vie quotidienne. De loin, son travail semble représenter la distance elle-même et une vision large et balayée. Les peintures incarnent l’esthétique ostensiblement pure du design du XXe siècle ; le cube blanc de la galerie contemporaine ; la toile monochrome. Des lignes de perspective doucement éclairées s'étendent à partir de petites zones d'obscurité et de densité dans une grille tridimensionnelle épurée qui pourrait être dérivée de rendus architecturaux numériques. Les peintures semblent refléter une vision du monde comme un réseau infiniment extensible d'espaces imbriqués et lisibles, tous les incidents spécifiques étant subordonnés à un ordre rationnel, abstrait et idéal.

Comeau a sculpté dans cet espace vaste et sans fondement de petits mondes intérieurs de spécificité et de détails. En effet, ces espaces intimes, qui semblent tour à tour intégrés ou projetés hors de la toile, sont clairement au centre du soin et du savoir-faire de l'artiste. Leur échelle réduite et la maîtrise technique qui a présidé à leur réalisation exigent un regard différent, tout comme ils ont dû exiger une grande attention de la part de l'artiste. Ce regard intimiste, presque voyeuriste, sur des décors secrets et oniriques est d'un autre ordre que le regard distancié qu'invoque le champ blanc. Cela semble impliquer une sorte d’oubli du tableau d’ensemble, un engagement intérieur dans la singularité d’une œuvre donnée. Et en effet, il existe une grande variété parmi ce que Comeau appelle les « Architactrices » – un mot inventé qui suggère une architecture subjective et sensible, avec l’action d’une actrice (actrice) qui est apparemment la peintre elle-même, et par extension un éventuel spectateur qui accorde ses mondes une profonde attention. Ces « espaces de vie » sont à habiter, et ils sont aussi vivants.

Chacun des espaces miniatures, points focaux des peintures, a sa propre qualité spécifique, mais beaucoup d'entre eux semblent vulnérables, se fondant dans le champ blanc plus vaste, comme si leur unicité était menacée. Une partie de cet effet est simplement due à leur échelle par rapport à la taille de la toile, mais il est également renforcé par la présence fréquente de « corps » organiques, quoique pas complètement articulés, dans des positions d’exposition et de nudité apparente. C’est comme si l’artiste souhaitait assimiler la vision rapprochée qu’elle exige à un état de subjectivité non marqué et non formé, à la fois pris dans un réseau plus vaste d’espace architectural rationalisé et producteur de mondes proliférants et dérivés inconsciemment. L’artiste privilégie clairement cette dernière possibilité, même si elle la présente dans un état de suspense et de dissolution possible face à une lumière blanche crue et généralisatrice. L'intimité de la rencontre avec ses petits mondes est liée au sens du toucher et au refus d'une vision large, d'une attention individuelle et sensuelle qui lutte obstinément contre des systèmes de contrôle plus vastes au moyen de son propre refus d'articuler sa présence à l'intérieur. une logique plus large de l’espace pictural.

Magalie Comeau : Architactrices et autres espaces de vie est organisé par Pan Wendt.